Vendredi 23 janvier 5 23 /01 /Jan 19:41
Déménager pour venir vivre dans le sud n'a pas été la décision la plus inspirée que j'ai prise dans mon existence...
Hormis les difficultés financières en découlant, il est humainement difficile de tout changer dans sa vie pour une personne que l'on aime, mais dont on n'est pas amoureux.

J'ai cependant beaucoup appris pendant les sept derniers mois.
Beaucoup appris sur moi grâce à l'EMDR, beaucoup appris sur mon inclassable, appris à gèrer des émotions, des rancunes, des colères.

J'ai le sentiment d'avoir agi comme un chien blessé qui se retire pour panser ses blessures et qui retourne ensuite vers sa meute.
J'ai envie et besoin de retourner à Paris, maintenant.

Paris, c'est la mère nourricière, celle qui rassure par sa beauté, sa grandeur, la sécurité confèrée par celle que l'on connait si bien et que l'on aime si fort.

Alors, je repars pour Paris. Pas à temps plein encore, mais j'ai organisé pas à pas mon retour grâce à d'anciens collègues désireux de me voir revenir, à ma coupine qui part et me prête son chez elle.

Grâce à mon inclassable et à Chut, je suis allée fêter le nouvel an dans ma capitale. L'idée; déjà germée, à pris un tournant plus concret.
Je suis retournée à Paris il y a une semaine, pour finaliser les discussions. Coupine m'héberge pendant ces jours, gentillesse qui, au delà de me rendre un immense service, m'octroie une parenthèse de pure détente avec ma confidente de toutes les pensées, doutes, peurs joies ou peines.

Aucune limite, aucun tabou n'existent dans nos conversations.

Avec elle, c'est simple, facile de parler comme on le ressent. Elle ne pose pas de jugement de valeur, elle ne se retranche pas derrière ses propres blessures, elle a une tolèrance encore jamais vue.

Rapidement, elle m'a parlé de ses préfèrences sexuelles, des choses qu'elle avait envie de faire.
J'ai, dans un premier temps été heurtée par sa façon tellement légère de voir ce qui était pour moi un acte lourd de sens, parfois dangereux.
Je l'ai, parfois, écoutée fascinée, me décrire ses experiences. Une pointe d'envie dans l'estomac; je me demandais si moi aussi, je pourrais aimer cette façon d'aimer.

Chut aime les hommes. Leur force, leur capacité à rassurer, l'amour avec eux.
Elle aime aussi les dominer, leur infliger "l'amour en paires de claques". Même si cela n'est pas sans rappeler la façon que son père avait de l'aimer...
Mais elle aime aussi les femmes. Leur douceur, leurs courbes, que sais je encore...

Je lui ai dit un jour que ok, je coucherai avec elle le 43 marembre; m'assurant par cette boutade de ne jamais avoir ce rapport dont je n'avais pas envie, étant entièrement, totalement hétérosexuelle.

Lors de ma dernière visite chez elle, coupinette avait une soirée de prévue.
Une de ces soirées latex où les dominas et soumis se retrouvent en congrégation pour laisser exprimer cette partie d'eux socialement rejettée.
Je l'ai regardée se préparer, sortir de la chambre vêtue d'une robe en vinyle noire ornée de fermetures éclair moulant son corps de près, ses jambes ceintes par une paires de cuissardes aux talons vertigineux.

Mes yeux d'hétéro l'ont trouvée belle, sexy...

Je voyais mon amie se muer en femme fatale, terriblement attirante; tant par ses atours que par la lumière qui s'émanait d'elle plus les préparatifs avançaient.
La voir si contente de se parer, voir son regard de biche appeurée se changer en regard de femme sûre d'elle, gourmande a révèlé en moi l'envie.

Je l'ai trouvée attirante, sexy, j'avais presqu'envie qu'elle m'embrasse, de la toucher, sans savoir dans le même temps si j'aimerais vraiment l'embrasser ou la toucher....

Elle n'a rien vu de cet émoi et est partie à sa fête.

Je suis restée seule, souriant en pensant aux idées qui m'avaient traversé l'esprit...

Je lui ai dit plus tard, alors que j'étais rentrée chez moi, que le 43 marembre, c'était ce soir là...
Peut être y a t'il d'autres 43 marembre, je l'ignore; mais le fait que mon esprit jusqu'ici tellement peureux et étroit puisse avoir entrouvert cette porte me montre que la thérapie fonctionne à merveille.
Et bien plus que d'assumer avoir eu envie d'une femme, je vois dans ce qu'il s'est passé ce soir là, le signe de la vraie délivrance de mon fardeau si longtemps porté.

Merci coupinette, je t'aime!!
Par ether-et... - Publié dans : Le sexe et moi
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Vendredi 9 janvier 5 09 /01 /Jan 19:17
De collègue, Francine est passée au rang de sauveuse. Je ne la remercierai jamais assez de m'avoir évité une nuit dans ma voiture, dans le froid.

C'est décidé, je ne vais pas bosser jeudi matin. Une seule et unique chose en tête : je VEUX rentrer chez moi.

Certes, l'appartement de Francine est acceuillant, certes, elle est adorable, certes, elle est prête à me garder encore une nuit.
Mais moi, je veux rentrer chez moi, prendre un bain, dormir dans mon lit, câliner mon chien.

Je me lève vers 10 heures, rergarde vite dehors.

Elle est encore là, tenace, garce. La neige, que je trouvais hier matin si belle, me sort aujourd'hui par les yeux.

M'en fous, j'ai bien regardé les infos, j'ai bien compris que les autoroutes sont encore fermées; mais je veux rentrer chez moi.
Je suis en colère, je ne comprends pas comment on peut prendre des milliers de gens en otage par incompétence.
Parce qu'il faut le dire; au delà du fait qu'ils n'ont pas l'habitude, c'est de l'incompétence pure et dure qui a coupé Marseille du reste du monde deux jours durant.



Je sors de chez Francine, sors ma voiture de son lit de neige et avance, Tom tom me guidant dans les rues désormais plus praticables qu'hier.

J'arrive sur la grande avenue, Louis n'est pas saint aujourd'hui non plus; elle est tout aussi bouchée qu'hier...

Le seul changement, c'est que le sol est noir, il ne glisse pas. C'est un grand cjhangement, même quand on n'avance qu'à 5 km/h!!

Par moments, les automobilistes en sens inverse me sourient ou me disant bonjour. Avec un café et une clope, on pourrait presque faire causette!!

Quelques minutes; pardon, heures plus tard, Ether est en panne de clope; justement. Si je me gare, je risque de rester bloquée pas le talus de neige. Pendant de longues minutes, je n'ose rien faire.
Puis, apparait un bureau de tabac...j'hésite, arf, qu'est ce que j'hésite!!
Finalement, je me décide. Je coupe le moteur, sors de titine et avance bravement vers le bureau de tabac. Je commande, paye, prends ma drogue et ressors, l'estomac un peu serré.

Ont ils avancé devant moi? Vais je me faire engueuler?
Après tout, je suis au beau milieu de la route...

Je retrouve titine comme je l'ai laissé, la file de voiture devant moi n'a pas bougé d'un pouce!

Leçon n° 1 du jour: on peut faire ses courses sans se garer; ça ne gène personne........aujourd'hui.

Les heures défilent lentement, je commence à avoir mal au genou à force d'embrayer et de débrayer. Première, point mort. Point mort, première.....

J'écoute la seule radio nous donnant des infos concrètes; je suis attentive au témoignage d'autres automobilistes.
Un homme parle "je suis parti de l'hopital nord, je suis passé par là et par là et je viens d'arriver sur Aix"

Quoi? Qu'est ce qu'il a dit? C'est où cet endroit? Par où je passe?

Leçon n°2 du jour: il est bien mignon Tom Tom; mais une carte, c'est mieux dans ces cas là...

Je finis par entrer dans mon guide infomatique le nom du patelin qu'à donné l'homme à la radio.

" Dans 500m, tournez à gauche"

Euh...oui, mais là, c'est l'autoroute, et les flics qui font le siège de l'entrée ne me laisseront pas passer. Ca c'est sûr!!

Je vois des gens qui tournent et je vois qu'une petite route longe l'entrée de l'autoroute!!
Je m'engouffre à mon tour et me délecte du bonheur infini de pouvoir enfin avancer. Même à 20 km/h; c'est du bonheur à tartiner.

Je suis fatiguée, la nuit tombe.

Mais enfin, j'avance. Enfin, l'envie d'être chez moi ce soir devient concrète.

Je roule doucement sur une départementale, évitant les branches tombées, les voitures abandonnées et autres motos.
La route n'est pas du tout déneigée, il fait 0°, le gel va revenir et rendre la route telle une patinoire pour voitures.
Je ne sais pas du tout où je vais arriver.



Et finalement, je reconnais.
Je suis à cinq minutes de chez moi.

Je me gare enfin. Epuisée, mourrant de soif et de faim.
Cela fait cinq heures et demie que je suis partie de Marseille.

Mon inclassable et son chéri m'acceuillent, rassurés que je sois entière.
Je n'ai pu appeler personne, plus de batterie...
Ils me servent à boire, me donnent une part de tarte. "Elle est bonne"
"MMMM oui, très bonne"
J'aurais tout trouvé bon tant j'avais faim!

Leçon n° 3 du jour: quand il neige à Marseille, fais des courses pour la route

Aujourd'hui, j'en souris.
Hier, j'en aurais pleuré.

J'ai dormi comme un bébé cette nuit et je ne suis pas allée travailler.
Comme tout Marseillais qui se respecte...
Par ether-et...
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Jeudi 8 janvier 4 08 /01 /Jan 19:05
Ah, le sud! Son soleil, sa chaleur, ses cigales....
La douceur de vivre, la plage, le sable chaud...

Qu'il fait bon vivre l'hiver sous la douceur du sud!
Pas de températures polaire, si peu de pluie...
Au rebus les manteaux hyper chaud, les gants, les bonnets et écharpes.

Parce qu'ici, m'sieurs dames, on a froid; mais c'est parce qu'on a pas l'habitude d'avoir moins de 20°...

Alors, moi, la jurassienne exilée à Paris depuis 6 ans; quand j'arrive ici, je ne sors que le manteau le moins chaud et je ris sous cape en voyant les sudistes se plaindre du froid!

Alors, quand la sacro-sainte Météo france annonce de la neige, tout le monde se dit que c'est une erreur, que ça peut pas neiger, ou si peu...
Mais oui, c'est ça!! Trois flocons vont tomber et voilà. Ca suffira à mettre le bordel une heure ou deux et on en parlera plus.

Mercredi matin, 6h45; je sors de chez moi. Quelques centimètres de neige bien blanche jonchent le sol, de jolis flocons virevoltent gaiement.




Je reconnais ce sentiment de joie que l'on ressent lorsqu'on rencontre une chose qui nous rappelle notre enfance ou un lieu aimé que l'on ne voit plus aussi souvent qu'on le voudrait.
J'ai grandi avec la neige, dans le Jura. Et, même si je n'aime pas qu'il tombe des mètres de neige; j'aime la voir, la sentir crisser sous mes pieds. j'aime cet art de changer l'apparence des choses en la recouvrant de ce beau manteau blanc.

Quelques centimètres ne freinent pas une jurassienne; je prends donc ma voiture et pars pour aller bosser sur Marseille.
Quelques courageux m'accompagnent sur l'autoroute, roulant à 60 km/h, on ne sait jamais, ça pourrait glisser!!
Plus j'avance, plus les flocons se font nombreux, gros et lourds.
De cette neige que je reconnais; celle qui tiend partout.
Je comprends vite que ces quelques centimètres sont un vrai problème ici. Chirurgien en retard, anesthésistes invisibles, patients non venus...
Nous ne commençons à travailler qu'à 10h30. Juste quelques patients, les autres ne sont pas venus ou souhaitent repartir immédiatement chez eux.
C'est vrai, la neige, c'est comme la peste ici...

Mais plus je regarde par la fenêtre, plus j'écoute mes collègues qui connaissent la réaction des gens du cru, plus j'angoisse.
Si cette neige, recouvrant maintenant l'extérieur de 30 bon centimètres, tiend; comment rentrer chez moi sans encombre?
Comment faire ces 25 kilomètres avec ces personnes ne sachant pas conduire sur la neige?
Et bordel, pourquoi j'ai pas mis mes pneus neige???!!!



Vers onze heures, la neige cesse de tomber. Je me dis alors que tout ira bien. D'ici 15 heures, ce sera arrangé.

Leçon n° 1 du jour: ne jamais présumer de la capacité de personnes ne connaissant que très mal une chose à les affronter.

Je pars à l'heure dite. Même au sein de la clinique, la neige n'est pas déblayée. Savent ils qu'ils sont responsables si un accident se produit à cause de cette neige au sein de leur établissement?

Je dois descendre une route étroite. C'est raide à la montée, abrupt à la descente.
Ce que je vois alors que je m'apprète à descendre me serre l'estomac.
Personne n'est passé pour déblayer; des véhicules jonchent tout le long dans un sens ou un autre, obligeant à faire du zig zag acrobatique.
A ce moment là, je sais que même pour moi, ça va être chaud.

Pas de pneus neige, je glisse forcément. Glisser n'est pas un problème en soi. Mais faire du slalom entre les voitures; c'est déjà plus chaud...
Pas d'autre issue, je ne peux prendre l'autre chemin; c'est une côté raide que (je le sais déjà) je serai incapable de franchir...

Je me lance, une collègue assise à côté de moi. Elle est terrorisée...
Frein moteur, frein pédale justement dosé, je parviens au bas de la côté sous le regard ébahi des passants.

Je pense alors que ce n'est qu'une toute petite rue, que les artères principales seront; elles; déblayées...
Erreur, Ether.
Déblayer la neige n'est pas une expression connue ici.


J'avance quand même, bien résolue à rentrer chez moi. J'avance à 10 km/h; suivant d'assez loin la voiture devant moi qui fait de drôles d'embardées.
Je sais que je ne peux emprunter l'autoroute; les autorités l'ont fermée, nous obligeant ainsi à prendre la nationale...
Je dois donc prendre une grande, très grande avenue.
Et là, spectacle d'exode sous mes yeux.
Un bouchon monumental s'étend devant moi. Des kilomètres d'avenue bouchés.
Et moi, je suis dedans. Dans ces bouchons. Avançant mètre par mètre à un rythme escargotesque.

Je suis têtue, bornée. J'y arriverai. Quand arriverai je? Je l'ignore, mais j'y arriverai.

Au bout de trois heures trente de ce rythme tuant, je dois me rendre à l'évidence. Je ne rentrerai pas chez moi ce soir.

Leçon n° 2 du jour: ne pas croire à quelque chose quand tu n'es pas la seule à décider

Passée la déception, je me résouds à appeler une collègue pour lui demander de m'héberger. Je dois donc emprunter un autre chemin, prendre des rues qui jusqu'à ce matin là, n'ont pratiquement été prises par personne.
Je trace la route au pas sur cette neige lourde et glissante.

Tom tom, mon ami du sud me dicte la dirction, se moquant royalement des conditions de circulation; annonant bêtement ses directives.
" Tournez à droite immédiatement" me dit la voix désormais insuportable de la bonne femme.
Je vois deux voiture s'engouffrer sur le chemin dicté. Je les suis. Sur environ dix mètres...
Stop, le conducteur juste devant moi descend de sa voiture, vient me voir et me dit "on est mal, c'est l'autoroute, il y a une barrière"
Je vois que le véhicule qui le précède est stoppé une vingtaines de mètres devant lui. Je regarde derrière moi; à droite, à gauche et fulmine "mais qu'ils sont cons! Pourquoi n'ont ils pas interdit de tourner? On ne peux pas faire demi tour et encore moins faire marche arrière!! On est coincés"

Là, nous voyons le conducteur devant nous forcer la barrière (qu'il soit béni) et avancer sur le lieu interdit: l'autoroute...
Nous nous engouffrons à sa suite, et j'hallucine. L'autoroute est bien dégagée, nous pouvons rouler à 70 ou 80 km/h sans problème...Pourquoi ne suis pas alors dans le sens pour rentrer chez moi?.....Grrrrrr....
Y'a comme un truc que je pige pas, là...
Je parviens finalement chez ma collègue, vois un emplacement pour poser ma voiture, commence ma manoeuvre et.....
Patinage avant, patinage arrière.....je suis coincée en travers. Pas question de laisser ma voiture comme ça; trop dangereux pour elle.
J'appelle collègue qui vient m'aider. Cinquante kilos toute mouillée, je la regarde désabusée...Comment pourrait elle bouger ces centaines de kilos à elle seule?

Un homme s'arrête et nous aide. Au bout de dix bonnes minute, ma titine est bien garée; en "sécurité".
Je peux me mettre au chaud, me poser.

Je suis partie à 15 heures, il 19 heures, j'ai parcouru environ 3 kilomètres...

Leçon n°3 du jour: être têtue, ça fatigue...




Par ether-et...
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Lundi 29 décembre 1 29 /12 /Déc 14:24


Mon arrivée dans le sud de la France ne s'étant pas exactement déroulée comme je le souhaitais; professionnellement parlant surtout; je me suis rapidement retrouvée financièrement dans le rouge cramoisi.
Peu habituée je l'avoue à devoir faire attention, j'ai dû sacrifier tout ce qui faisait naturellement partie de ma vie jusqu'ici.

Terminé l'esthéticienne, je ressemble désormais à un grizzli poilu à la peau rêche...
Terminé les virées shopping, je remets inlassablement les même vêtements; bientôt élimés jusqu'à la corde; ayant grossi, le choix se limite désormais à deux pantalons, trois pulls et basta.
Terminé le coiffeur tous les mois, mes cheveux presque au bas des reins laissent apparaitre une large bande de cheveux bruns...

Ainsi; ceux qui me connaissent savent que je ressemble à tout sauf à moi....

Cherchant désespèrément un cadeau pour mon Noël; ma mère a eu l'idée lumineuse de m'offrir une séance coiffeur.
Je reçois peu avant mon départ en vacances un bon pour retrouver figure humaine; ma mère m'annonçant que le rendez vous est pris le 23 décembre, à 14h.

Je suis heureuse, je ne supporte plus du tout ma tête, ça va me faire un bien fou.

Jour dit, heure dite, j'arrive chez le coiffeur. Nous regardons ensemble la teinte exacte qui va orner mon crâne, commençons par les racines.
Ok, c'est plus des racines à ce stade là...c'est carrément un cinquième de ma tignasse!!

Je ne me souvenais même plus que ça grattait un peu la couleur qui prend...mais j'attends patiemment que l'on vienne infliger à mes longueurs le même traitement certes agressif, mais tellement libérateur.

 
Enfin, quelques quinze ans plus tard, un jeune apprenti vient "allonger ma couleur", gestes bien peu délicats, mais j'avoue qu'à ce moment là, je m'en fous pas mal....

Une bonne demie heure plus tard, passage au bac, on rince la couleur, shampooing, masque et hop, on coupe.
Je montre au coiffeur la coupe qui me plait, c'est dit, on y va.

"Dégradez bien, s'il vous plait, j'aime quand le dégradé est bien visible" lui dis je pleine de confiance.

Avez vous remarqué que quoi que vous demandiez à un coiffeur, il finira toujours par faire ce que lui a décidé?

Mon coiffeur décide quant à lui que le dégradé que je souhaitais net serait d'à peine deux centimètres...autant dire que dalle...
"Ben oui ma bonne dame, après c'est pas beau!!"
Hum...c'est sûrement pour ça que la coupe qui m'allait le mieux était dégradée d'environ 15 cm...

Pas une cata, ce sera de toute façon bien mieux qu'à l'arrivée!!

Le brushing arrive; enfin; depuis 6 mois, je vais pouvoir avoir les cheveux lisses!!

Je regarde dans le miroir l'évolution et petit à petit, un doute s'insinue.
Plus il avance, plus je vois une couleur nettement diffèrente aux racines que sur les longueurs...
Je finis par l'arrêter pour regarder de plus près. Peut être est ce parce qu'il est devant la lumière, une ombre me faisant ainsi croire que l'impensable est arrivé...

Non...à y regarder de plus près, c'est pire...

Mes racines sont clairement d'un beau cuivré franc et mes longueurs d'une couleur indéfinie, entre le blonc moche et un roux passé depuis bien longtemps...

Je vois le coiffeur se décomposer. Gèné, il me demande si je veux qu'on refasse la couleur.

Ben, j'aurais aimé qu'on ne la fasse qu'une fois, moi...et pis, j'ai peur de cramer mes tifs...

"Non, rien à craindre, c'est une couleur douce que nous utilisons, pas la même que pour les racines"

Ah bon? Ca explique peut être l'affaire...Quoiqu'il en soit, en dix ans de couleurs; jamais celà n'était arrivé...
L'erreur est humaine après tout, il y a eu un coup de rush pendant que la couleur prenait, c'est possible qu'ils se soient plantés. Si ça n'abime pas mes cheveux, allons y!!

Re-couleur par l'apprenti qui m'affirme n'y être pour rien, qu'il a fait la couleur qu'on lui avait préparé.
Mais je veux bien mon lapin, je cherche pas de coupable, moi...

Je le sens stressé le petit, ses gestes sont saccadés, tant et si bien que paf! un gros paté de couleur échoue lamentablement sur mon bras.
Euh...c'est pas là que je la veux la couleur, hein...
Pas de souci, il étale largement au pinceau pour "pas que ça tache"

Ok....re-pose. La mèmère commence à avoir la nicotine que la démange.
Après tout, si je suis encore là, que ma mère fait des allers retours courses-coiffeurs, que le stress monte parce que grand frère arrive à 18 h et qu'il est presque 17heures, c'est leur faute...
Je me lève, prends une cigarette dans mon sac et sort la tête haute fumer la clope soupape.
J'en profite pour appeler ma coupine Chut qui, hilare, me suggère d'écrire l'aventure ici.

Je retourne à moitié congelée (c'est un vilain défaut de fumer...)me rassoir et regarder l'heure. Je pose depuis 25 minutes, il me semble bien avoir entendu "pas plus de vingt minutes"...
Cinq bonnes minutes plus tard, je vois mon coiffeur arriver; une lueur de panique dans le regard: "on va vite au bac"

Ouh là...j'aime pas ça....

Re-rinçage, re-shampooing (seront propres mes tifs), re-masque et là, le coiffeur aperçoit la grosse tache sur mon bras.
"Mais qu'est ce que c'est que ça?"

Ben, c'est l'apprenti qui en a fait tomber...

Jamais je n'ai été aussi rapidement débarrasée de mon peignoir!! Et là, je vois une magnifique tache cuivrée sur mon pull...

Ah...là, ça commence à me chaufer un poil....
Détacheur, rinçage effrèné de ma manche, inquiètude sur tous les visages...Tant et si bien que j'ose une blague...

"tant qu'à se planter, au moins que ce soit tout sur la même cliente, vous vous ferez engueuler qu'une fois!!"

Ah...ça n'a fait rire que moi...pas grave...la tache disparait doucement mais sûrement. Et puis, il est vieux et moche ce pull. En vrai je m'en fous un peu à ce moment là. Tout ce que je veux, moi, c'est partir.

Re-brushing devant le regard inquisiteur de ma mère et de mon inclassable qui cherchent sur mon crâne, devenu soudain le centre de toutes les attentions, le moindre signe que la couleur a foiré.

Je regarde le résultat, ni contente ni mécontente. C'est nettement mieux qu'à l'arrivé, mais ça ne ressemble en rien à la coupe demandée.
Et puis j'en ai plus que marre d'être ici. Plus de quatre heures pour récupèrer une tête correste; c'est beaucoup trop long pour moi!!
J'accepte donc les excuses de ce coiffeur qui, bien qu'il soit tout à fait gentil, ne me reverra pas de sitôt!!

Il ne mesure pas la chance qu'il a eu de se planter après que j'ai entamé ma thérapie. Quelques mois plus tôt, et il voyait son salon transformé en champ de bataille...

Quant à moi, j'ai malgré tout apprécié énormément la cadeau de ma mamounette.
J'ai malgré tous ces aléas; aimé avoir accès à ce luxe interdit depuis des mois, me contentant amplement de ma nouvelle couleur approximative et de ma coupe plus que moyenne.


Par ether-et...
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Samedi 27 décembre 6 27 /12 /Déc 21:13
Déjà!




Un an que mon blog existe, que je le nourris lorsque j'y pense, lorsque ma vie change, lorsque mon psy change ma vie.
En un an, que de changements!!
En un an, ce blog, ses lecteurs, leurs commentaires, mes rencontres m'ont poussés, aidés à devenir une femme plus forte et plus épanouie que je ne l'ai jamais été.

Alors, à toi mon blog et à vous qui le lisez, merci!
Que mes écrits soient encore des lectures pour vous..
Par ether-et... - Publié dans : Un peu de moi
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Jeudi 11 décembre 4 11 /12 /Déc 17:16
Traverser l'existence sans avoir de réelle passion, sans s'attacher à ce (ceux) qui pourrait nous faire du mal, en choisissant de juste vivotter au gré des jours qui se suivent.

Inlassablement, ou presque, accepter une vie qui au fond, n'en n'est pas une.

Etre ce que j'appelle souvent une "no life".

Combien de fois ai je fait ce triste constat en regardant ma vie, ce que je choisis de faire de mes journées...

Rien ne ponctue un train train assommant de monotonie. Pas une passion que je n'ose avouer, vivre, ou même ressentir.

Sombre avenir pour qui décide de vivre sans vivre...

Et puis un jour, une décision; plus clairvoyante qu'à l'accoutumée, vient bouleverser le ron ron de cette vie trop bien huilée.

Après les larmes et la puissance du mal-être engendré par cette décision (surtout par la mise en pratique); vient une lumière.
Pas LA lumière, je ne suis pas encore morte; mais une lumière quand même.
Cette chose qui donne l'espoir, qui fait vibrer tout ce qui coule en soi, tout ce qui a toujours été vivant; mais comme endormi, étouffé par le poids d'un passé dont on est incapable de se défaire.
Etouffé au point où l'on ne se rend même pas compte à quel point on ne vit pas, à quel point l'on passe à côté de sa propre vie.

Et tout d'un coup, tout se libère, cette chappe de plomb se dissipe.

Une rencontre, un regard, un clin d'oeil et l'on ressent des émotions oubliées, on se surprend à rêver, à esperer, à chercher celui qui attire l'attention.

Et je me demande; est ce vraiment celà que de se sentir vivant? Rêver cet autre en qui l'on n'osait plus croire?
Comment une simple rencontre, sans autre relation, peut donner envie de sentir le soleil, voir le monde qui bouge, rencontrer des gens, sortir de chez soi?

Je n'ai encore aucune réponse. Ni à ce que cette rencontre donnera, ni au pouvoir d'un regard sur une attitude de vie.

Ce que je sais, en revanche, c'est que quel que soit l'avenir ; cette rencontre m'aura montré que je suis encore bel et bien vivante et que j'ai à nouveau envie de vivre, aimer, découvrir, partager.
Par ether-et... - Publié dans : Le monde...autour
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Samedi 22 novembre 6 22 /11 /Nov 12:49

Un matin, un week end, une grasse matinée pas trop honteuse, un soleil immense inonde le salon.

La chaleur d'un cocon douillet, le sourire de gens qu'on aime, une journée qui promet d'être sereine...je lambine en sirotant le café chaud préparé par un Lex attentionné.


Que va t'on faire ce week end de visite amicale?

Comment est mon esprit ce matin?


Les brumes de la nuit se dissipent...dans mes veines, le sang est neuf.

La dialyse du psy continue de laver mon corps des déchets du passé.

Que c'est étrange d'aimer se lever! Que c'est bon de voir des gens qu'on apprécie le matin, au réveil!


Depuis quand n'ai je pas ressenti cette sérénité, cette complète certitude d'appartenir à ce monde?

Depuis...jamais je crois...


Je prends mon chien, sors le promener sous les rayons bienveillants de ce soleil si franc. Mes cheveux s'envolent et tourbillonnent; le mistral donne à la matinée un grain de folie rafraichissant. Mes joues rosissent au fur et à mesure que j'avance.

Mon loulou peine à avancer, ses cinq kilos ne font pas le poids contre un mistral rageur...Je le prends dans mes bras, sa chaleur, la douceur de ses poils me réchauffent le corps et le coeur. Ma petite boule de poils tant aimée, mon compagnon des jours sombres et tristes, mon ami le plus fidèle qui me rassure d'un regard adorateur...


Je le pose dans un champ un peu abrité du vent et le regarde humer l'herbe ici et là. Je suis attendrie de le voir ainsi, insouciant, heureux de pouvoir courir, sentir, jouer.


La promenade achevée, nous rentrons. Loulou cours comme un fou devant moi, pressé d'avoir sa récompense, son gâteau post pipi.


Mon inclassable est levé, les cheveux en bataille, la barbe naissante obscursissant son visage. Le regard est lourd d'une nuit trop courte, et au fond de ces yeux si connus, plus forte qu'à l'accoutumée, cette lueur sombre qui me fait connaitre que ça ne va pas.

En une seconde, je vois, je sens qu'il y a un truc qui cloche.


Je vais dans ma chambre comme une invitation à me rejoindre, à venir me dire ce qui obscurcit son âme.

Il me parle, m'explique, me dit; et en moi je sens une force, un calme, un zen inconnu m'emplir.

Oui, j'entends tout ce qu'il me dit, oui, je comprends les doutes, la déception.


Mais en moi, je sens que rien n'est aussi grave que celà semble être, en moi, je sens la force qui me manquait jusqu'alors de le porter, de l'aider jusqu'à ce que le soleil entre en lui et l'inonde enfin de ses rayons chauds et protecteurs.


La discussion s'achève avec mes conseils amicaux. Avisés je l'ignore, mais empreints d'amour.


Je repense à lui, à la douleur qui vrille son âme depuis si longtemps; et bien que je souffre de le voir ainsi, je ressens ces émotions si nouvelles.


L'écouter n'enlève pas mon zen, pas ce sentiment d'être vraiment en vie, pas cette nouvelle sensation inespèrée d'avoir finalement envie. De tout, pour moi, pour lui, pour ceux que j'aime.


Et je sais, au plus profond de mon coeur que le jour où lui aussi ressentira tout ça n'est pas si loin. Même si le chemin reste difficile, l'arrivée dépasse de loin toutes les espérances...


A moi de lui insuffler ma force nouvelle, à moi de lui transmettre mon zen, mon envie, la vie toute neuve qui coule dans mes veines.




Par ether-et... - Publié dans : Le monde...autour
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Vendredi 14 novembre 5 14 /11 /Nov 11:00

Ce matin, je me suis rendue chez M.S; l'esprit léger, sans crainte; mais l'esprit bouillonnant de multiples questions.

En effet, chaque jour qui passe me témoigne des changements qui s'opèrent en moi, me montrant des réactions, des pensées, des envies jusqu'ici inconnues.

Qui est cette femme qui s'exprime à travers moi et qui muselle celle que je suis?

Je disais dans mon dernier article combien il était perturbant de faire face à ce changement.
C'est toujours perturbant...

Je ne me reconnais plus alors que je pense n'avoir jamais bien su à quoi je ressemblais.
Une topographie de la personnalité jusqu'ici simpliste se limitant à "j'aime" "j'aime pas"...
Aujourd'hui se dessinent creux et déliés, mers et montagnes, reliefs parfois escarpés et agressifs contrastant avec la douceur des vallées et des plages.

Ni alpiniste chevronnée, ni randonneuse, je m'épuise quelque peu à parcourir cette "carte d'Ether" avec une forme de fascination et d'appréhension...

Toujours cette crainte de découvrir quelque chose de nouveau, de ne pas aimer ce que je découvre.

Mais surtout, peur de fermer un livre qui représente les quatre cinquièmes de mon existence...

Revelation surprenante lors de la séance du jour; j'ai peur, je n'ai pas envie de fermer ce livre!
Mon esprit curieux et surpris tente d'en comprendre la raison...Quel sens donner à celà?
Je viens depuis trois mois me torturer le cerveau pour ne plus souffrir, ne plus pleurer, pour vivre, rire et aimer; et voilà que je réalise que peut être, ce n'est pas ce que je souhaite??

Serais je devenue subitement folle en chemin?

La réponse, ou plutôt son amorce, n'a pas tardé à arriver...

Depuis ce jour, dans cette cave, je me suis définie par cela. J'étais devenue ce viol. En fermant ce livre, je perds ce qui me définit depuis toujours, en fermant ce livre, je ne sais plus qui je suis.

Le petit dictionnaire des humains illustrés comportait à la lettre E le nom Ether, suivi de "jeune femme née en 19xx, deux frères, violée à l'âge de 6 ans, abusée et frappée par son demi frère à l'âge de 7 ans, souffrant perpetuellement de celà. Attention, spécimen potentiellement dangereux si attitude trop proche, trop sympathique.
Ne pas effrayer, risque d'attaque violente."

Aujourd'hui, reste "jeune femme née en 19xx, deux frères............................................"

Je ne dois pas écrire ce qui manque, je dois apprendre le langage qui me permettra de lire ces petits points, de les comprendre.
Pour qu'ensuite, je puisse donner aux autres spécimens du petit dictionnaire des humains illustrés la nouvelle, la vraie définition d'Ether.

Encore besoin de temps pour pouvoir, enfin, faire connaissance avec moi même....

Par ether-et... - Publié dans : Viols et conséquences
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Mercredi 8 octobre 3 08 /10 /Oct 15:04
Depuis la séance décrite ci dessous, je me suis rendue encore deux fois chez M.S.


Pas de quoi remplir un article pour chaque séance. La douleur, la peine, la souffrance ne sont plus là. Le souvenir de cette cave se floute de plus en plus au fil des jours et l'importance accordée à cet évènement diminue en conséquence.

Pourquoi poursuivre alors, me demanderez vous?

Parce que si l'agression est règlée, les conséquences ne le sont pas.
Eparpillées au fil de ma vie et de mes relations, elles pourrissent le fil de mon chemin.
Des petites humiliations reçues comme de vrais camouflets en passant par les grosses douleurs de la vie; chacune de mes réactions fut conditionnée par ce que j'ai perçu de ce qu'il s'est passé dans cette cave.

Comme une sorte de punition perpetuelle, l'alibi à la peine, l'excuse pour "prendre mal", la raison pour pleurer. Toujours.

Dissèquer les faits, me souvenir, rattacher un petit rien à ce grand "tout", donner un sens. Voilà ce que nous faisons maintenant.
Je comprends plein de choses. Comment je suis bien plus intolérante que je ne le pensais, combien je me vois comme une guerrière sans repit, quand et pourquoi j'ai utilisé le "mal" pour me blesser plus encore, pour me donner une raison de ne plus croire, plus vouloir, plus oser.
Et en me souvenant, en comprenant, en m'expliquant à moi même mes réactions; j'en vois les failles, les limites, la stupidité; même.

Que de temps perdu à choisir d'être malheureuse! Parce que ce fut un choix. Pas volontaire, pas réfléchi; mais un choix quand même.
Pas besoin de checher à qui ou à quoi la faute; ça n'apporte rien.

Réaliser est le pied dans le starting bock pour partir vers un ailleurs; un autre paysage, d'autres visages semblables, mais si diffèrents.

Tout change si vite que je me sens comme dans un manège lancé à pleine vitesse, je ne vois que des couleurs. Pas encore des formes bien dessinées...
Je réécris mon histoire. De flash backs à retour dans le présent. Allers retours incessants qui m'étourdissent, m'effraient un peu et me passionnent.

Au milieu de cette grande braderie de la peine, mes émotions se posent petit à petit. La lumière entre dans mon âme, j'entrevois ce qui est possible; à portée de main.

Alors je pose sur la toile ce qui bouillonne en moi, comme pour calmer le jeu. Ecrire, attendre, relire, comprendre, accepter et ensuite, m'aimer. Un peu.
Par ether-et... - Publié dans : Viols et conséquences
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Lundi 6 octobre 1 06 /10 /Oct 15:35

Encore tremblante et bouleversée de savoir que mon demi frère reconnaissait ce qu'il avait fait, je pars chez mon psy pour ma troisième séance.

Je pleure dans la salle d'attente, de larmes que je ne sais pas bien expliquer; et dans le ventre la sensation que l'on a lorsque l'on est au bord d'un précipice.

La porte s'ouvre, M. S voit tout de suite que je suis fébrile. Petit débrieffing. Il est content de ce qui se passe.
Heureux que mon père se soit chargé de mon problème; qu'enfin il se conduise comme un papa plutôt que comme un père.
Ravi que mon demi frère prenne enfin ses responsabilités, me dit que oui, le dialogue devra se faire; mais dans mes conditions, quand je serai prête, où je voudrai, avec qui je voudrai. C'est moi qui décide, je ne doit rien subir à ce sujet. Il insiste sur ce point.

Je ne sais pas si je peux faire face à une séance dans l'état dans lequel je suis. Il m'assure que si, que ce sera fructueux.

Alors, nous commençons. J'ai à nouveau peur, comme pour la première séance. Je sais que mon esprit peut liberer aujourd'hui des choses que mon conscient refuse encore. Je suis à l'envers aujourd'hui, en état de faiblesse, je me méfie de moi...

Au fil de la séance s'affiche de plus en plus clairement ma honte. La honte d'avoir désobéi à mes parents, que cette désobéissance ait mené à ce viol, à la salissure, la déception pour mes parents.
Puis, le désarroi, la certitude enfantine que si mes parents le savaient; ils ne m'aimeraient plus.

Les larmes de la petite fille coulent sur mes joues d'adulte. J'ai à nouveau peur de perdre l'amour de mes parents; le sentiment étouffant de la honte m'envahi.
Dans ma tête raisonne "j'ai désobéi, je les ai déçu, à cause de moi, ils vont souffrir"

De plus en plus évidente, je vois la cause de mon mal être.

Non, le viol en tant que tel est résolu depuis longtemps. Ce que je ne gère pas, c'est ce dont je me suis persuadée à ce moment là.

Mon esprit de petite fille a fait une interprètation étrange de cet évènement:

Sale petite fille qui ne fait pas ce qu'on te dit, vois tu ce que tu as fait? Vois tu ce qu'il va advenir de toi?
Tu es sale maintenant, tu es le mal qu'on t'a fait puisque tu l'as provoqué. Tes parents qui t'aiment tant méritent ils celà?
S'ils ne t'aiment plus, c'est bien fait, tu mérites ce qu'il se passe.
Maintenant, qui peut t'aimer, toi qui agi de façon à ce que le pire arrive? Tout est de ta faute. Tu déçois les gens qui t'aiment.
Je te déteste petite conne!! Pour qui te prends tu? Tu crois qu'à 6 ans, tu peux faire comme tu veux?
Ha, ha, ben tu vois, ça coûte cher de se prendre pour ce qu'on n'est pas, hein?
Je te hais, immonde petite chose souillée! Saleté !

Je ne peux plus suivre la main de M. S, je baisse la tête, courbée par le poids de la honte. Je pleure de constater que je me hais tant, depuis si longtemps.

Non, il faut continuer. M.S ne me lâche pas, "vous voyez ma main à travers vos larmes".

Je suis effrayée de ce qui m'apparait.

Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Ma tête tourne. Ainsi, toute cette souffrance, toute cette douleur ne sont que le fruit de la punition que je m'inflige?
Ainsi, ce n'est que la haine que je m'inspire qui m'a conduit à celà?

C'est pour ça que j'ai tellement peur de perdre mes parents? Parce que je me suis convaincue qu'ils ne pouvaient plus m'aimer après celà...
C'est pour celà que j'ai tant de mal à aimer et à me laisser aimer? Parce que je me suis persuadée que je ne suis pas aimable...
C'est pour celà que j'ai tellement peur de tomber amoureuse? Parce que je suis certaine que le rapport avec un homme éloignera l'amour de mes parents...

Je sors de la séance encore plus bouleversée qu'à l'entrée. J'appelle Inkan. Il faut venir me chercher, je suis incapable de conduire.
En l'attendant, j'appelle Chut; j'ai besoin de parler, j'ai besoin de ne pas voir les gens qui passent.

Inkan arrive, je m'effondre dans ses bras. Je suis au bord du malaise. Je ne sais plus qui je suis, je sanglotte, le regarde sans le reconnaitre vraiment.
Mon cerveau se torture. Il souffre.
La patience d'Inkan finit par me calmer un peu. Je parviens à rentrer et à dormir.

Le lendemain et les jours qui suivirent ne furent qu'une immense torture. Réminiscence de ces sentiments et émotions enfantins, je n'étais qu'une boule de terreurs. D'abandon, de haine, de mépris profond.
Et petit à petit; je commençais à percevoir l'immensité de mon erreur.

Ainsi, je me suis trompée toute ma vie. Ainsi, je me suis construite sur une réaction d'enfant traumatisée.

Alors, qui suis je vraiment? Que serai je lorsque tout sera fini?

Je regarde devant moi et je ne vois rien. J'ai tout à reconstruire. 

Par ether-et... - Publié dans : Viols et conséquences
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